L’amphithéâtre
Dossier complet
En 1996, la construction d’immeubles d’habitation le long de la rue de la Porcelaine permet une découverte exceptionnelle, celle de l’amphithéâtre de Nyon. Remarquable par sa taille et sa conservation, il s’agit de l'un des huit monuments de ce type mis au jour en Suisse. Il est classé monument d’importance nationale.
L’amphithéâtre est situé au nord de la vieille ville, en contrebas de la route menant à l’agglomération romaine de Lousonna (Lausanne-Vidy). Il est aménagé à flanc de coteau, dans l’emprise d’un vallon. Les dimensions de son arène – 50 mètres dans son grand axe et 36 mètres dans son petit axe – le placent au milieu de la série des édifices suisses de même nature, derrière ceux de Windisch et d’Avenches et devant ceux d’Augst-Sichelengraben et de Martigny.
Sa construction est située au début du 2e siècle de notre ère. Après son abandon à la fin de l’époque romaine, le site a servi de carrière avant d’être totalement comblé par des remblais au 17e siècle.
Lieux importants pour la vie sociale et culturelle, les amphithéâtres étaient conçus pour accueillir des spectacles publics tels que les combats de gladiateurs, les chasses d’animaux et parfois des exécutions publiques. À Nyon, l’amphithéâtre devait attirer non seulement les habitants de la région, mais aussi ceux de Genua (Genève) et Lousonna (Lausanne-Vidy) à l’occasion des grandes fêtes et manifestations. Si sa superficie totale n’est pas connue, il est possible de restituer 17 rangées de gradins sur lesquels pouvaient prendre place plusieurs milliers de spectateurs.
Les études en cours montrent qu’au moins trois chantiers se sont succédés, correspondant à des réparations rendues nécessaires suite à des dégâts liés probablement à l’eau. L’analyse des blocs architecturaux, retrouvés en grand nombre, permet de comprendre le travail des bâtisseurs associés à ces différentes étapes de construction et de réfection.
Arène, gradins, portes, évacuation des eaux…
L’arène possédait un sol en terre battue dans lequel des fosses et des trous de poteau ont été observés en grand nombre. Ils pourraient être liés à des aménagements de scène ou des constructions légères contemporaines à l’utilisation du monument comme lieu de spectacles.
Quelques rares blocs de molasse très abîmés indiquent encore la présence des gradins. Les premières rangées séparées par un muret semblent plus étroites. Elles étaient sans doute destinées aux notables qui bénéficient dès lors d’un rang pour s’asseoir et d’un autre pour poser les pieds.
Deux portes permettent d’accéder à l’arène: l’une s’ouvrant vers la ville, l’autre donnant sans doute sur une voie provenant des rives du lac.
Deux loges ou carceres – destinées à enfermer les animaux avant les spectacles – sont situées face à face au milieu des murs de l’arène. Elles étaient fermées par une porte ou une grille aujourd’hui disparue.
Un coffrage en bois établi au centre de l’arène, ainsi qu’un puits constitué d’un tonneau équipé de ce qui pourrait être un logement de pompe ont également été dégagés. Les études en cours permettront de vérifier leur contemporanéité avec le monument.
La position de l’amphithéâtre dans un vallon a entraîné d’importantes difficultés de gestion de l’eau. Des drains et des égouts traversant l’arène ont ainsi été mis en place pour garantir l’accessibilité et la préservation des structures. Les canalisations – pour certaines recouvertes de blocs ayant appartenu aux gradins ou au podium – se déversaient certainement dans le lac.
Préserver le monument
Des travaux de restauration ont été menés entre 1998 et 2001 pour consolider les zones instables du mur maçonné de l’arène et reconstruire certaines parties effondrées. Des drainages ont également été établis le long des parements externes des murs de l’arène pour les protéger des infiltrations. Afin d’éviter la fragilisation par les intempéries des structures restaurées, une couverture provisoire a été mise en place en 1997, permettant de retarder le processus de dégradation.
Un protocole d’entretien et de conservation préventive est en cours d’élaboration. Il existe en effet des risques d’altération des vestiges dont le haut degré d’authenticité a été relevé.